« Les Renseignements me doivent quelques compensations... La torture de Tanaka, la protection de votre petit disciple... Tout ça n'est pas gratuit. Tu me connais Atsuhito-kun, je ne fais rien sans intérêt notamment pécunier. Je prendrais soin de votre protégé, tâche de t'en souvenir. »

Atsuhito, coordinateur de l'armée. L'Uran et les force militaire avaient des rapports assez cordiaux, plus ou moins affilié. Autant ce gars faisait preuve de beaucoup de tenu autant je n'en avais jamais vraiment eu cure à part pour m'amuser, jouer un rôle.

J'lève mon verre de saké, l'entrechoque. De la porcelaine à la porcelaine. Je bois cul sec. Le liquide se glisse dans ma trachée, chemin de feu, érosion et embrasement. J'ai l’œil brillant, une glacière pleine de fruits.

« À ta santé Atsuhito-kun. »

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Hall large, un escalier filiforme grimpait en arabesque vers les étages supérieurs. Marche après marche un homme masquait descendait, ses doigts glissant souplement le long de la rambarde. Posture d'épervier, la tête haute dans le ciel regardant l’œil avide les basses terres, dominant de tout son être sinuant. Il avait remarqué le jeune samouraï. Il y avait dû dédain mécanisé dans sa voix :

« Que faites-vous ici ? Quelles sont vos accréditations? »
« Je viens quérir un certain Reikenichi pour une mission commune. Je viens de la part du commandant et coordinateur des forces armées Atsuhito. »
« Reikenichi ? »
« Cela même... »

La poigne du ninja se raffermit sur la barrière de bois, stoppé dans sa descente, il y avait quelque chose comme une docilité hiérarchique, comme s'il avait été remis à son juste grade.

« Le chef des tortures est au Jardin des Sens... veuillez me suivre. »

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Mes doigts s’entrelacent aux ficelles. Je renifle dédaigneusement, crache, un mollard vient repeindre un gravier du mandala qui cerne la pierre sur laquelle je me tiens flegmatiquement. Je me fais chier royalement...
Un bruit de pas vient me surprendre dans mon ennui. Quelque part sur les chemins du jardin à étage du palais. J'tourne la tête, voir qui vient par ici. Une cape grise... fait chier... ah ! Quelqu'un vient derrière lui et il n'est apparemment pas de l'Uran. Il a le regard terne, une armure de samouraï usée, peut-être est-ce le disciple de ce cher Atsuhito. Son escorte me fait les présentations, d'une voix polaire.

« Reikenichi-sama, voici un envoyé du haut commandement venant directement de la part d'Atsuhito-sama... »
« Ouais je suis au courant. Tu peux te casser Raisui, j'ai pas b'soin d'toi pour le reste. »

Il se courbe et se retourne d'un même mouvement. Rembruni dans sa fierté de mal dominant. Les dominant je les casse. Je suis un arbre centenaire et eux un vulgaire roseau qui se courbe au souffle du vent.

« Rappel moi ton nom et en quoi je peux t'être utile frangin ; j'ai tendance à la sélection de mes souvenirs. »

« Les loups ? Ouais... J'en ai connu lorsqu'ils étaient encore des mioches, des petits toutous sans défense. Fouilleur de poubelles descendu dans les égouts récupérer les merdes de la surface. Le mouvement c'est fait plus organisé, plus violent... Je n'sais pas à qui ça profite, mais ils ont pris en otage pas mal de zones, ainsi qu'une bonne part du commerce underground... »

Mon cou me lance de sa longue torsion. Je fais coulisser mon corps tout entier afin de me trouver face à ce fier samouraï le regard encore plein d'ignorance à l'envers du monde.

« La réalité c'est que les souterrains ne sont pas foncièrement difficiles à trouver, c'est juste qu'il faut savoir ou chercher et ensuite savoir se diriger une fois dedans. J'ai passé une part de mon enfance à bosser dans ce monde et c'est surtout pour ça que ton maître a fait appel à mes services. »

Les lupanars des catacombes avaient été, bien avant les forces de l'Uran, la plus belle école sur l'étude des corps et des rapports humaine. J'avais tout appris dans ces lieux humides et souvent nauséabonds. La basse ville et les bidons-ville étaient un parti de ma vie, l'underground une autre. C'est encore un autre comportement à avoir, savoir s'adapter dans ces nids à crocodile. Ce monde immense grouillait sous nos pieds comme des veines se déversant sur les deux berges de l’océan.

« T'sais ce que tu vas trouver en dessous ? Ce n’est pas vraiment l'monde des hommes, j'm'assurerais qu'il t'arrive rien, mais y a de quoi devenir taré quand on fouine là bas. C'est pas que les loups qu'on y trouve, Kiri la brume sanglante c'est pas que la légende guerrière de sa surface, mais aussi les extrémités et les vices de ses sous-sols. Si t'as des questions pose les maintenant, plus tard tu devras les vivres par toi même. Si, non, on peut partir maintenant. »

Je ne veux pas lui foutre la trouille avec mes paroles, mais c'est vrai que pour un gars de la ville, un étranger, ou un débutant dans le monde guerrier ce n’est jamais l'endroit facile. Je n’ai pas envie d'avoir un poids mort une fois sur place...
Je le regarde, attendant une réaction.