Gris.
Je n'ai pas dormi de la nuit. Je suis crevée. Mais ce n'est que le début...
Trouver le lieu d'embarquement fut plus difficile que prévu. Les deux lascars n'en avaient pas parlé, et j'ai du me fier à mon instinct. C'est quand j'ai vu de loin les deux hommes avec un masque de loup, que j'ai compris que j'étais tombé par hasard sur le lieu de rendez-vous.
*****
Gris.
« Pourquoi c'est pas Tochi qui est venu? »
La question m'avait surprise. Je n'y avait pas pensé. Merde! Grillée.
« C'est toi Ato? »
Une perche tendue. Inespérée. J'aime ces masques.
« Oui, Tochi est malade. Une vilaine diarrhée. L'Alpha m'a envoyé à sa place. »
Les deux hommes ont rit. Sauvée. La crédulité, à ce point...
« Bah tant pis. Fait juste pas comme la dernière fois. »
Nouveaux rires. L'un des deux -Kichi si j'avais bien suivi-, un grand homme sec, dont les cheveux gris dépassaient abondamment de son masque s'est rapproché près de moi. Il a murmuré :
« On se retrouve après la mission, tu sais ou. »
« O... Oui. »
Encore merde. Pas pris en compte ça. Pas eu le temps de préparer un plan digne de ce nom.
*****
Rouge.
L'embarquement sur les jonques s'est fait en silence, tout comme le départ. Les deux gardes étaient sur le qui-vive, scrutant le bord de l'eau.
La fatigue me harassait. Mes yeux se fermaient tout seuls. J'ai senti quelque chose sur mes fesses. Je me suis retourné. Kichi m'attira à lui. Coup de fouet. J'étais bien réveillée, et tout à fait énervée.
Je me suis reculée -sans tomber dans l'eau-. Il n'a apparemment pas apprécié, et a voulu me ramener vers lui.
J'ai sorti mon sabre et l'ai plongé dans son abdomen. Il m'a regardé, sans comprendre. J'ai tournée ma lame. Il a grogné, puis s'est effondré.
*****
Noir.
L'autre s'est retourné à son tour. Il a réagi immédiatement, sortant un couteau de sa manche.
Je me suis jetée dans ses jambes. Un craquement sinistre a retentit.
Son hurlement de douleur s'est stoppé net lorsqu'il a pénétré l'eau glacée. Essoufflée par ces acrobaties maritimes, je me suis accroupie dans la jonque, observant le bateau et l'autre escorte. Rien. Aucun mouvement nouveau.
Le sourire au lèvres, j'ai retiré mon masque et offert mon visage plein de sueur à la brise matinale.
*****
Gris.
Après avoir rapproché la jonque du bateau de transport, j'ai commencer à escalader le navire. Avec stupéfaction, les marins ont vu émerger une jeune fille sur le pont de leur navire.
J'ai dégainé mon katana, et dit calmement :
« Nouveau client, retour en ville. On ne discute pas. »
C'est en grommelant que les matelots ont fait pivoter le bateau. Puis l'un d'eux est venu me voir. D'un geste, il m'a désigné l'autre jonque. Elle avait également fait demi-tour et se rapprochait dangereusement...