Réintégration parmi les shinobi !

Être réveillé par un soleil déjà à son zénith. Être tombé de son lit en essayant de se lever. Avoir une gueule de bois énorme, ainsi que le mal de tête qui en découle, mais être encore saoul. Être blessé au plus profond de son être, une plaie béante à l’intérieur même de son cœur.
Telles étaient les actions que subissait chaque matin Raito Blake, depuis la mort de sa petite amie. Elle faisait partie des nombreuses victimes de l’attentat des Dorobou à Otafuku Gai. Un certain temps s’était écoulé depuis, mais Blake n’arrivait pas à tourner la page. Il se réfugiait dans l’alcool et la promiscuité de ses draps. Draps qu’il n’avait toujours pas lavé car il restait encore un peu de l’odeur de son amour imprégnée dans les tissus.

« Merde... faut que j’y aille. Oh j’ai la flemme.»

Blake se motiva malgré tout. Il prit une douche, s’habilla, mangea un peu et sortit finalement de chez lui. Encore endormi, il s’aperçut trop tard qu’il avait oublié quelque chose de très important chez lui.

« J’aurai du prendre mes lunettes de soleil ! »

¤¤¤

Peu après les tragiques évènements d’Otafuku Gai, Blake avait décidé de reprendre là où il s’était arrêté dans sa carrière de ninja. Il avait réalisé que son village était en proie à de sérieuses difficultés et qu’il était de son devoir d’user de ses capacités pour contribuer à le sortir de là.
Il avait donc pris rendez-vous avec les services de recensement ninja pour être réintégré dans les rangs shinobi et... il était en retard.

« Première technique du vendeur : toujours faire monter l’espérance chez le client. Il sera d’abord désappointé de ne pas vous voir puis sera d’autant plus heureux que vous soyez là finalement. »

Son rendez-vous se trouvait dans l’un des bureaux du quartier général, à l’étage en dessous de celui du Hokage. Il demanda à la secrétaire en charge où il devait se rendre. On lui indiqua le bureau n°17. Il était attendu et pouvait entrer sans passer par la case « salle d’attente ». Avant de passer la porte, il effectua sa routine préparatoire.

«Routine préparatoire : Affiner sa concentration, établir les objectifs à atteindre et visualiser mentalement la situation. »

Il inspira un bon coup.
Blake avait un certain talent dans la rhétorique. Il savait utiliser les mots de façon juste et appropriée pour influencer les gens. Il avait toujours possédé un charisme et un sens de la répartie qui faisaient de lui quelqu’un d’estimé, d’écouté. Déjà jeune, alors qu’il commettait les 400 coups à l’école, il n’était jamais puni, arrivant toujours à toucher le point sensible de ses instituteurs. Il avait longtemps été qualifié de chouchou de la maîtresse mais quand bien même, personne ne le haïssait pour ça. En fait, personne ne le haïssait du tout, les relations sociales étaient un don chez lui.

« Objectif numéro 1 : réintégrer les rangs de ninja. Objectif numéro 2 : Ne pas repartir de zéro et reprendre où j’en étais avant. Objectif facultatif : Repartir avec un ordre de mission. »

Il frappa trois fois à la porte, de façon discrète mais prononcée.
Blake ne s’était pas contenté d’user et d’abuser de son talent inné pour construire des relations. Il avait décidé de l’améliorer en l’instrumentalisant. Il avait conceptualisé son don, analysé le mode de fonctionnement, crée des règles, des instruments, qui allaient dans son sens, pour utiliser cet art à sa pleine mesure. Et c’est d’ailleurs grâce à cela, qu’à à peine 14 ans, il avait décroché un diplôme de vendeur et qu’il s’était exercé à son métier de façon exemplaire. Ses clients l’appréciaient, tout comme ses patrons. Il arrivait à vendre à des prix exorbitants, sans pour autant que la personne en face se sente lésée.

«La première impression de l’interlocuteur est toujours la bonne. Politesse et présence sont les premières choses qu’il remarquera.»

— Entrez ! entendit-il à travers la porte.

C’était une voix féminine. Blake savait alors que l’objectif était déjà atteint. Lorsqu’il s’agissait d’une femme, Blake n’avait qu’à sourire de toutes ses dents, bomber le torse (mais pas trop attention !) et d’une voix enjouée dire simplement :

— Bonjour !

Et là, elle tombait directement sous son charme.

A première vue, Blake était quelqu’un de faux et calculateur. Mais ce n’était pas le cas. Sa manière d’être était ainsi, il avait grandi dans cette voie là et ne s’imaginait pas autrement. Il possédait simplement un certain recul sur les relations que les hommes établissaient entre eux et de son point de vue, il pouvait choisir la meilleure relation possible pour chaque parti. En soi, Blake n’était pas méchant, il voyait simplement les choses d’une façon différente.

— Ben ça alors, Blake Raito ! Ca faisait longtemps !
— Oh ! Tiens donc, comment ça va depuis le temps ? répondit-il du tac-au-tac.

« Merde, elle me connaît. Rappelle-toi vite d’elle ou c’est fichu ! »

C’était une jeune femme, probablement l’âge de Blake. Assez enrobée, elle arborait fièrement son bandeau de ninja et sa veste de Chûnin bien qu’il était certain qu’elle n’ait plus les capacités physiques pour tenir son rôle à bien. Preuve en était son assignement aux bureaux.

— Et bien, comme tu peux le constater, je m’en sors plutôt pas mal. J’ai un boulot pas mal payé, à l’ombre qui plus est. Je me suis mariée récemment à Daisuke, tu te rappelles de lui ? Bien sûr que tu t’en rappelles. Il était avec nous à l’académie.
— Ah, oui, Daisuke ! Qui aurait cru que vous finiriez ensemble à l’époque ! Ahaha.
— Oui, on s’est trouvé une maison près de ...

« Bon, elle me raconte sa vie. Je ne comprends absolument rien et ne sais pas du tout de qui elle parle mais si je me débrouille bien, j’ai toujours une chance. »

Blake se faisait du souci pour son rendez-vous. Et il y avait de quoi. Il avait quasiment déserté les rangs shinobi sept ans auparavant et il était peu probable qu’on le reprenne. Mais Blake n’était pas n’importe qui et il savait qu’avec les bons arguments, il pouvait arriver à ses fins.

— ... bref, je te raconte peut-être un peu ma vie ! Dis-moi ce qui t’amène Blake.
— Comme tu le sais sûrement, j’ai eu quelques soucis médicaux il y a quelques années, une maladie rare et quasi-mortelle, et j’ai du quitter l’ordre des shinobi. J’étais Genin, tu t’en souviens peut-être.
— Oui, bien sûr Blake !

« Bien. Elle fait semblant de savoir de quoi je parle alors qu’elle n’en a aucune idée. Il me suffit juste de la perdre un peu dans les détails pour l’embobiner. »

— Je me suis donc tourné vers la voie de vendeur, tout en regrettant de ne plus pouvoir continuer mon métier de ninja.
— Mmh...
— Mais depuis peu, le village est en proie à la panique, et je sais que nous sommes en manque cruel de ninjas.
— Oui, c’est vrai ! fit-elle en remuant la tête.
— Je veux réintégrer les rangs, peu importe mon statut médical !

Il était évident que ce statut médical était faux. En fait, Blake s’était inventé une maladie pour pouvoir quitter son poste sept années plus tôt. Il avait réussi à falsifier un certificat médical et, comme il n’était que Genin, cela n’avait pas soulevé trop de questions.

— Je comprends Blake. Je vais voir ce que je peux faire. Laisse-moi ressortir ton dossier. Il doit être dans la pièce d’à côté.

Elle s’exécuta. Blake en profita pour faire un tour de la pièce. Il y avait forcément des indices sur son nom quelque part. Elle était à l’académie avec lui. Mais il n’arrivait pas à mettre un nom sur son visage.
Elle revint avec une simple pochette bleue.

— Alors, Raito Blake, Genin, retraite anticipée pour raisons médicales. Voyons ton historique. Mmh. Tu en étais à 7 missions de rang D et 2 de rang C à l’époque. Puis ton certificat médical... Au mon dieu !

Dans ses yeux, l’horreur totale.

— Mais tu es atteint de sclérose en plaques ! C’est dramatique !
— Oui ! A ce propos... je suis guéri.

« Impossible qu’elle gobe ça, il faut que je sorte mon argument choc. »

— Tu as un nouveau certificat médical contredisant celui-ci ?
— Bien sûr !
— Je peux le voir s’il te plaît ?
— Oui ! A ce propos aussi... je l’ai oublié.

« J’ai totalement perdu sa confiance. C’est le moment parfait pour lui montrer que je ne suis pas un menteur. »

— Je parie que je ne suis pas très crédible là...
— J’irai pas jusque là. Je comprends ton désir de réintégrer les rangs shinobi mais si ta maladie t’en empêche, tu risques juste de courir à la mort pour rien !

« Elle m’a pris en pitié. Je vais jouer la carte du débile incompris. »

— Ecoute. Si j’avais été encore malade. Depuis sept ans, mon état aurait empiré, n’est-ce pas ?
— Certes.
— Et si mon état avait empiré, quand bien même je serais encore capable de te parler, comment justifies-tu ça ?

« C’est le moment Blake ! Argument choc. »

Blake sortit de sa poche une médaille dorée. Etait imprimé dessus deux silhouettes combattantes, avec écrit au-dessus Mixed Martial Arts XVII.

— J’ai gagné la compétition de MMA l’année dernière ! Et crois-moi que pour participer, il fallait un certificat médical en béton !

La jeune femme était complètement déboussolée. Elle sentait l’embrouille, mais n’avait aucune preuve à mettre dessus. En fait, si. Il n’y avait qu’un truc à faire pour elle.

— Tu permets, je dois la montrer à Rena ! fit-elle avec un sourire.

Blake lui tendit.

— Avec plaisir !

« Mon cul que tu vas le montrer à Rena. C’est ça, va vérifier si je dis la verité ! Et quand tu reviendras, tu me demanderas un autographe aussi ! »

¤¤¤

Montrer une médaille à quelqu’un ne prenait pas une heure. Ce fut pourtant le temps qu’il fallut avant que la jeune femme ne revienne.

— Désolé du temps que j’ai mis Blake ! Je cherchais un ordre de mission pour toi. Tout est en ordre bien sûr ! Je suis fière de te savoir de nouveau parmi nos rangs ! Va voir Rena pour qu’elle te rende ton bandeau de Genin. Ah, et tiens ta médaille. Félicitations au fait ! Je pourrai avoir un autographe ? C’est pour le montrer à Daisuke, il est fan de tout ce qui est...

« Objectif 1 : Atteint. Objectif 2 : Atteint. Objectif facultatif : Voyons, quelle est la mission que j’ai reçue ? Mission de rang C, aider Yoshino Sakurai à reconstruire son échoppe dans la rue Mashima, qui a été touchée par les Dorobou. Encore eux ! Je ne leur pardonnerai pas ! »

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Blake quitta finalement le bureau, la jeune femme ne voulait pas s’arrêter de parler. Il s’en était tiré à bon compte finalement. Il alla voir Rena, qui n’était autre que la secrétaire qui l’avait reçue à l’entrée.

— Tenez, monsieur Raito. Votre bandeau. Hina ne m’a dit que du bien de vous !
— Hina ?
— Ben... oui. Hina. Celle que vous avez quittée à l’instant !
— Ah oui ! Bien sûr, Hina ! Bonne journée Rena. Hina ne m’a dit que du bien de vous aussi !

« Bien sûr, c’était Hina ! Elle trainait toujours avec un petit gros. Ce devait être Daisuke. Tu m’étonnes que je ne l’aie pas reconnue, elle a pris au moins vingt kilos de joues ! »

Rena, quant à elle, était aux anges.

— Il sait comment je m’appelle...